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Shhrzde
1 octobre 2007

Hocus Pocus

(Episode 46)


                              From: Bruno Tschinag
                              Sent: 14 Novembre
                              To: Solentiname Tschinag

ma petite statuette porte-bonheur,

tu me tords le coeur ou bien ou bien???? c'est pour que je me tape la honte avec mes cauchemards si mélos que je sais même pas te faire marrer avec en te les racontant que tu joues les Saint Bernard pour les touristes de l'extrême?? Boh, je flippe moi avec le délacalage à la réception de tes mails, mais sûrement que tu as pu le mettre en contact avec Europassistance et que tout est déjà plié non ??

De ce côté-ci de l'Equateur, je nage dans les pixels, la misstinguette m'a bien attrapée en me demandant de faire une extraction d'un répertoire, tu parles d'UN répertoire, c'était le haut de l'iceberg d'une immense biblio d'images num. Des tonnes de photos des turbines à gaz aux tuyaux branlants surveillés par des ouvriers maigrichons qui savent sûrement pas ds quel sens on visse une vanne de secours, des usines à charbon qui puent le soufre même en Jpeg, des barrages au béton tout suintant et enlisés de sédiments immondes, des paillottes à pilotis philipines effondrées - la maison des 3 petits cochons soufflé par le grand méchant loup d'un typhon. et puis, des bidonvilles, des kms de clichés de tôles, de toiles, de plastiques emportés par des torrents de boue. J'ai la nausée de ce marigot, tu me diras ça pointe le doigt sur des trucs pas joli-joli, mais c'est surtout qu'elles ressemblent à rien ces photos : pas de ligne, pas champ, pas de lumière, c'est du rebut numérique à la pelle. Avec des sujets pareils, faire que de l'ennui ! J'hallucine

Au milieu de ce bazar, me reparle plus de Gab, Soli, je ne veux jamais me rappeler qd je suis venu te chercher à l'aéroport, toi tu flottais sur ton nuage de poussière, restais avec ton charriot en alu chargé de sacs à dos tanné de sable saharien à la porte de la douane le temps qu'il aurait fallu pour qu'une 4L-taxi brousse rassemble une vingtaine de passages avant de démarrer. Les flots furieux des voyageurs européens s'enroulaient autour de toi en accéléré se ruant pour payer le parking, attraper un RER, aller râler au comptoir pour retrouver des bagages perdus. Je crois que tes frisettes le long des tempes ne s'affolaient même pas dans ce souffle de précipitation forcéné, tu étais tellement zen, je t'avais jamais vu comme ça ma petite belette vif-argent. Et moi je devais sortir la machette et fendre en deux cette bulle d'apesanteur autour de toi, te dire que je t'attendais à la place de Gab, qui était en train de te battre à plate couture côté attente immobile et éternelle.

Soli, j'ai mal depuis la racine de mes cheveux jusqu'aux derniers petits bouts de nerfs qui s'achèvent sous la plante de mes pieds qd je me rappelle de toi pleurer toutes larmes de ton corps alors que te racontait pour lui. Si longtemps après, tu sanglotais très doucement, mais toujours du plus profond de toi. Ma petite Soli, j'ai si peur : tu crois que je serais comme toi si je repère pas dans ce magma d'archives photos un tout petit fichier avec la patte de Martha derrière le déclencheur ?? En attendant je suis le dernier des derniers pour déplacer des montagnes et la retrouver : je bouge pas de ces écrans d'iPhoto, je bouffe n'importenawak, je profite même pas de la piscine sous les ficus, je sors en tuk tuk m'acheter des clopes et je redeviens un vieux décadent post-colonial qui larve ds sa villa, broadband connexion en plus. Je suis pas encore tenté par les massages avec finitions dont toutes les vitrines font la retape ici, mais ça ne saurait tarder sans doute tellement je me reconnais plus.

La sorcière de la maison thaï doit encore me tirer par les poils de ma barbe de trois jours pour que j'y crois encore à ce mirage que ma douce a passé par là.

Allez, je me secoue, je me reprends, je vais me faire un jus de mangue et arrêter de me tracassiner pour tout et rien. Je pense à toi ma petite puce des neige, remets ton touriste au congélo, et reviens nous vite.

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