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Shhrzde
21 octobre 2007

Lava bombs

(Episode 55)
                              From: Solentiname Tschinag
                              Sent: Vendredi 19 Novembre  
                              To:    Bruno Tschinag 

Bruno,

Tu as dû deviner, j'ai craqué, on s'est déplacé au Camp 1. C'était pas sans peine, j'ai posé mes conditions : ok pour monter avec lui, mais il accepte sans rechigner de minimiser ses efforts et son exposition au froid. Pas d'orgueil mal placé. Je colle les peaux de phoques sur nos skis à tous les deux, pas question qu'il enlève une once d'épaisseur de gants pour plaquer les peaux sur les lattes. Même avec les deux couches de sous gants, je sens les gerçures qui se fissurent aux coins de mes ongles quand je tire pour décoller et décaler une peau qui mord sur un cre. Pour qu'on reste pas trop longtemps arrêtés au vent, je me speede pour taper le talon du ski contre ma hanche aïe j'ai un bleu, chlac je tends la peau, la fixasse bien au creux de la main pour tirer la peau et passer l'attache arrière, clac, et c'est parti ! On n'a pris qu'un pulka que je tire, on a trié le matos au max pour s'alléger, c'est bon, j'ai mon rythme sans trop me casser. Il va bien lui aussi, un peu essouflé de son repos forcé, mais il avance quand même. Demain, ça envoie un peu plus, on verra si on rejoint le camp suivant.

On est bien aidés par le temps magnifique. Grand grand beau. La montée est un peu monotone ici, la pente mollassone. alors j'ai fait passé la trace du côté du champ de lave, parsemée de dômes de la taille d'un oeuf d'autruche : la fameuse lava bombs de l'Erebus. On a fait une micro-pause pour boire un thé (en soufflant bien sur la tasse sinon les lèvres se collent à l'alu, ce qui n'arrange pas les gerçures !). J'ai tapoté la neige fraîche accumulé sur une bosselure de lave, la coque externe est assez lisse mais on peut les ouvrir facilement : au milieu la matière est soufflée, des filaments de stalagtites très acérés, hérissent le contenu de cette bogue noire. quand on ouvre le chapeau, on s'attendrait presque à ce que les filaments s'étirent encore comme du caramel bouillant sur le couvercle qu'on soulève. Mais heureusement, tout ça est redevenu froid, on peut toucher maintenant cette matière si rare, les angles aigus de cette concrétion étrange. Des parois cristallines pas plus épaisses qu'une bulle de savon et qui sont là depuis des milliers et des milliers d'années. Malgré les tonnes de neige déposées à chaque hiver sur leur fine carapage. A toucher très délicatement, la chair intérieure de ce corail noir, piques et pointes acérés se briserait en mille éclats coupants, la bombe de lave s'effondrerait sur elle même en poussière grisâtre sous le poids de la prochaine chute neigeuse si on lui ététait les minuscules rayons qui emprisonnent l'air en son coeur.

Stefan me presse d'écrire lui aussi. Il faut que je partage notre temps de batterie ! Biz Bruno, dis moi vite qd tu arrives à Joburg. S.



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Commentaires
B
Ca s'est drôlement relancé la machine on dirait!<br /> Bon courage à toi pour les derniers posts, et à Stefan qui a l'air bien sympa (même si je n'ai pas tout compris de ses motivations dans l'aventure H2O)!
Shhrzde
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